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Du trop de réalité, by Annie Le Brun
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Détails sur le produit
Broché: 320 pages
Editeur : Folio (30 septembre 2004)
Collection : Folio Essais
Langue : Anglais, Français
ISBN-10: 2070314952
ISBN-13: 978-2070314959
Dimensions du produit:
10,9 x 1,8 x 17,8 cm
Moyenne des commentaires client :
4.1 étoiles sur 5
5 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
20.652 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Voici un essai brillant comme on en lit rarement de nos jours. Dans sa jeunesse, Annie Le Brun a côtoyé les cercles surréalistes (André Breton, etc.). Cette intellectuelle inclassable, marquée par la poésie et le féminisme, s’attaquera quelques années plus tard au néo-féminisme (Lâchez Tout). Dans Le Château de la Subversion, Annie Le Brun nous parlera de sa passion pour le « gothique » de la fin du XVIIIème siècle. Elle a également écrit sur Sade. « Du Trop de réalité » est mon premier ouvrage de l’auteur. Je me suis ensuite procuré Appel d’air (Seuil). Première question : pourquoi un tel livre est-il à se procurer d'urgence et puis surtout, quel est son public ? Je commencerai par la dernière question : il s’adressera aux curieux, aux passionnés d’Art dans toutes ses formes (musique, peinture, etc.) puis à celles et ceux qui s’interrogent sur notre monde « ultra-connecté » et de plus en plus insensible. C'est l’un des paradoxes de la thèse d’Annie Le Brun. De par le titre, on pourrait croire que l'auteur refuse la réalité. Il n'en est rien. De quelle réalité s’agit-il ? Il est bien question « du trop » de réalité, de cet « excès » qui envahit notre environnement et conditionne nos vies. Cet essai est savoureux pour plusieurs raisons, et la première, c’est que c’est une arme infaillible pour se ressaisir du sens et de l’esprit critique. Annie Le Brun est une amoureuse de la pensée libre, c’est une esthète, une passionnée (voir les pages 290-291). Les discussions dépassent parfois la notion d’art et se greffent sur notre devenir en tant qu’individualité. Les pages 170-174 sont par ailleurs centrales. Le Brun rappelle que l’identité est une passion mortifère, qu’elle se substitue toujours à l’individualité. Annie Le Brun est donc une amoureuse de la vie et de l’individu, une érudite et une écrivaine subversive. J’ai beaucoup de respect pour cette belle personne, vraiment. Extrêmement lucide quant à notre monde contemporain et ses dérives, elle nous dit en outre dans quel état d'hypnose nous nous trouvons depuis l’arrivée d’internet. Sur la question de la « passion amoureuse » et du « désir », il y aurait à écrire et à contre-argumenter sans doute. Mais globalement, c’est un livre indispensable.Publié en décembre 2000 par les éditions Stock (Du Trop de réalité), voici donc un essai des plus visionnaires qui soit. Un livre nécessaire pour penser notre société contemporaine et pour se désencombrer aussi de toutes les manipulations mentales liées à Internet et au monde infernal de la publicité. Annie Le Brun nous parle d’emblée de cette « pollution lumineuse » (des pages savoureuses), mettant à mal la philosophie poststructuraliste des années 80 et 90 qui avait pour but de traquer le sensible, l'humain, de façon intensive et intempestive (de façon industrielle, pourrait-on dire). La critique de la société marchande est efficace, puisque cette société « totale » et « totalitaire » supprime tout esprit réel de révolte (dans le sens camusien du terme). Les gens quand ils se révoltent aujourd’hui, ça n’est pas pour vivre autrement (contre-culture), mais bien pour pouvoir dépenser plus et rentrer dans le système technicien et marchand. Bref, la révolte est aujourd’hui synonyme de conformisme (ça fait « bien »). C'est donc une critique de notre monde devenu « faux » et « inhumain ». C’est ce qu’il est dans le réel. Mais paradoxalement il est hyper sensible dans le virtuel et dans l'interconnexion. Entrevoyant les réseaux sociaux et leurs dérives, Annie Le Brun touche là où ça fait mal. Elle rejoint ainsi Jacques Ellul (Le bluff technologique) et autres penseurs de la Technique (Adorno). Mais plus que d'un bluff, il y a un réel danger pour l’avenir de l’humanité, car la société marchande englobe tout. Elle instrumentalise la révolte, l’amour et la poésie. Critiquant également Roland Barthes (page 39) qui lors d'un colloque s'était permis de dire que « le langage était forcément fasciste », car le fascisme, disait-il, « ce n'est pas empêcher de dire, mais c'est d'obliger à dire », Annie Le Brun dénonce certains intellectuels responsables de ce vide et de cette perte de repères, et que de lutter contre le sens nous conduits inexorablement à l'anéantissement de toute pensée critique, avec ce que cela suppose de renoncement sensible. C'est donc un essai d'une grande valeur que nous tenons là , dans lequel la subtilité l'emporte sur le jugement, l'invective et la caricature.Annie Le Brun démontre avec un talent certain toutes ces dérives auxquelles nous sommes exposées, comme le souci d'indifférenciation. Elle rejoint ainsi Virginia Woolf qui déclarait dans Une Chambre à Soi, que l’éducation devrait apprendre à s’enrichir de la différence. Elle s'appuie également sur Julien Gracq, pour nous rappeler que la vie se vit dans l'insoumission, et que malheureusement, Internet, comme le Centre Pompidou, et tous ces musées qui pullulent partout, sous prétexte de montrer toujours plus, n'hésitent pas à arracher les murs de tout ce qui nous donne vie (sic). Les pages suivantes (page 51) sont une critique de l'art et de la tendance actuelle (de 2000 à 2017 et au delà , nous en voyons déjà les traces ou les conséquences), et traitent de la collusion entre art et pouvoir. Chose amusante, Annie Le Brun semble bien seule quand elle affirme que « l'époque contemporaine tente d'institutionnaliser la révolte et de faire coexister la subversion et la subvention ». « Le suicidé de la société fait place au subventionné de la société » pour reprendre une expression de Daniel Buren. A la différence des époques pré-modernes, qui soumettaient l'artiste à la censure de leurs mécènes, à la différence aussi de l'époque moderne qui faisait de l'artiste émancipé et subversif la victime, notre époque se joue et met en avant n'importe quel artiste révolté, ce qui fait que mairies, conseils de région, associations, subventions, etc. se voient considérés comme des institutions hyper démocratiques mais le sens de la révolte (métaphysique) perd tout son sens, perd de sa superbe. Bien sûr, comme elle le dit, « la méconnaissance de l'art par ses contemporains et le sacrifice des artistes sont une situation que personne ne peut en principe souhaiter » (page 51) mais c'est dans l’usage même du mot « révolte » et dans ses revendications démagogiques, voire hypocrites, que ce mot et tant d’autres perdent leur sens. En cela, Annie Le Brun livre un texte subversif sur l’importance des mots, du langage et de notre engagement personnel. Son coup de g e u l e me fait même parfois penser aux Lettres Luthériennes de Pasolini.___________________________________________________________________________(1) Sur l’essentiel de son message subversif, sur l’art notamment, je tire ma révérence. Comme disent les Anglais,« there is food for thought » (il y a matière à réflexion). D’autant plus que l’on a ici un style d'écriture poétique, jamais abscons ni obscur. Annie Le Brun aime la langue française, le langage, les mots et sait les manier avec tact et un délice indicible. Mieux, ils servent une thèse impressionnante qui, dix-sept ans plus tard, garde toute sa force et sa lucidité. Merci madame Le Brun.
je trouve c'est le meilleur des livres de Annie Le Brun, faisant attention sur les aspects contemporain falsifiants nos relations avec une réalité proprement dite
(_Post Scriptum du 16 mars:Ce livre,je sais que je vais en relire certaines pages attentivement.Il est certainement un peu ardu,surtout au début.et j'ai eu du mal ,du temps à comprendre-un peu- la notion de "trop de réalité".Son importance. Ceci dit la partie 3 du livre est beaucoup plus facile(les 100 dernières pages) et je pense que rien n'interdit de commencer par cela.Ceci dit ,encore,ce livre,je le trouve pertinent,très,et utile pour ceux,même s'ils sont comme moi,pas vraiement des intellectuels ou simplement bien organisés et rigoureux(ah mon cher côté Bordèlique! ).Utile pour voir plus clairement dans quoi-quel monde-nous vivons.Fin de Post Scriptum Yes yes yes yes yes.)-- .Il faut avoir le coeur ou l'esprit,bien-ou mal-accroché pour survivre dans cette société lasse,qui n' l' avouera jamais.Tant de gens,beaucoup trop de gens n'ont plus aucune idée sensible,de la mort et de sa solitude.Et ils achèteront Gainsbarre à la prochaine promo tête de gondole de la prochaine commémoration.Des sous, des sous,circulent.Vous croyez connaître le désespoir,et puis vous allumez la télé....Je crois que je ne vous aime pas,dit-il dans un souffle au poumon fatigué.Découragement passager.Un livre d'une vieille femme réfléchie,un constat d'il y a 13 ans hurla t-il de rire,où il est dit que le monde est encore moins espérable qu'hier.. ...est-ce une raison de nous croire dans des combats opposés?C'était ma note d'espoir.Interrogative....Je vous retranscris la 1ère page de la préface d'Annie Le Brun:"Il est des livres qu'on préfèrerait ne pas écrire.Mais la misère de ce temps est telle que je me sens obligée de ne pas continuer à me taire,surtout quand on cherche trop à nous convaincre de l'absence de toute révolte.Avec le naturel des saisons qui reviennent,chaque matin des enfants se glissent entre leurs rêves.La réalité qui les attend,ils savent encore la replier comme un mouchoir.Rien ne leur est moins lointain que le ciel dans les flaques d'eau.Alors, pourquoi n'y aurait-il plus d'adolescents assez sauvages pour refuser d'instinct le sinistre avenir qu'on leur prépare?Pourquoi n'y aurait-il plus de jeunes gens assez passionnés pour déserter les perspectives balisées qu'on veut leur faire prendre pour la vie?Pourquoi n'y aurait-il plus d'êtres assez déterminés pour s'opposer par tous les moyens au système de crétinisation dans lequel l'époque puise sa force consensuelle?Autant de questions qui me sont une raison de ne pas garder le silence."
Ouh là là !Voici un livre que se lit facilement car la langue est fort belle même-si les phrases sont en moyenne d'une longueur qui atteint la page , la demi dans le meilleur des cas .Une spécialiste du surréalisme qui est resté dans les années cinquante de Mr Breton et son utopie et pour laquelle tout , absolument tout , ce qui va après , est absolument à bannir .Un livre érudit mais qui est vraiment fait pour dézinguer tout forme d' art non surréaliste , étonnant ! .Cela doit tout de même être dur de vivre pour Mme Le Brun dans notre société contemporaine avec le poids accordé au réel et aux valeurs matérielles .Ce qui est rafraîchissant ici , c' est que tout le monde en prend pour son grade et particulièrement les arts subventionnés et les musées contemporains , les milliardaires collectionneurs ; je rejoins l' auteur sur ces points .
Pour comprendre à quel point la masse est otage de cette société de consommation inhumaine ! A lire de toute urgence pour se déconditionner !
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